RDC/Assemblée Nationale : Vital Kamerhe sur une chaise éjectable, la saison de septembre s’annonce rude

Joseph Malaba
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L’Assemblée nationale de la RD Congo, censée être le pilier de la démocratie et de la stabilité institutionnelle, traverse une crise sans précédent. Dans l’ombre des couloirs du Palais du Peuple à Lingwala , se joue une partie d’échecs politique aux conséquences potentiellement dévastatrices pour la nation.

Une motion de destitution en gestation vise actuellement le président de l’Assemblée nationale Vital Kamerhe, tandis que d’autres membres du bureau sont la cible de manœuvres sournoises qui menacent jusqu’à l’élaboration du budget national 2026. Derrière cette offensive se cachent des intérêts obscurs et des acteurs que l’on croyait loyalistes, mais qui semblent mus par des ambitions personnelles démesurées.

Au cœur de cette machination se trouverait l’éternel insatisfait aux revenus obscènes Crispin Mbindule, pourtant président du Conseil d’administration du Cadastre Minier (PCA CAMI). Ironie du sort, cet homme qui toucherait pas moins de 40 000 dollars par mois, en plus d’avantages exorbitants, mène des actions qui sapent la stabilité institutionnelle dont dépend pourtant le secteur minier qu’il est censé réguler.

Crispin Mbindule qui dénonce officiellement l’exploitation illégale des ressources pratiquerait ainsi une exploitation tout aussi illégale du système politique congolais. Autour de l’Honorable PCA Crispin Mbindule, une galaxie d’acteurs aux motivations troubles : Yumba, Engelemba, Simisi et autres élus improductifs sur le plan parlementaire mais extraordinairement productifs en calculs politiciens. Leur point commun ?

Des préoccupations égoïstes qui l’emportent sur l’intérêt général et une absence notable de contributions substantielles aux travaux législatifs dont dépend l’avenir du pays. Dans leur ligne de mire, Vital Kamerhe Président de l’Assemblée nationale, menacé de motion de destitution, Jacques Djoli Rapporteur de l’Assemblée cible d’une campagne de déstabilisation mais aussi Sama Lukonde Président du Sénat, Poli Poli, Questeur et Néema, Questeur Adjoint.

Pour comprendre l’importance de cette crise, il faut rappeler le rôle crucial du Bureau de l’Assemblée nationale. Composé de sept membres, cette instance dirige les débats et organise les travaux parlementaires. Elle examine la recevabilité des propositions de loi et amendements. Elle représente l’institution lors des manifestations officielles et dispose de prérogatives constitutionnelles majeures. Le président de l’Assemblée, Vital Kamerhe, est la troisième personnalité de l’État.

Une déstabilisation à ce niveau équivaut à une attaque contre les fondements mêmes de l’État congolais. La crise actuelle ouvre multiple fronts internes au sein de la majorité présidentielle. Front contre Vital Kamerhe, Président de l’Assemblée nationale et allié du Président Félix Tshisekedi au sein du CACH, contre Jacques Djoli, Rapporteur de l’Assemblée et cheville ouvrière du Parlement qui est pourtant le pôle de rationalité.

Front contre les autres membres : Sama Lukonde Président du Sénat, Poli Poli, Néema, Inamwizi… Cette guerre intestine révèle les failles béantes d’une Union Sacrée pour la Nation qui semble n’avoir de sacré que le nom. Le démon de la division pourrait bien tuer cette coalition et fragiliser considérablement le président Félix Tshisekedi. Curieusement, certains acteurs-clés sont épargnés, inexplicablement préservés par cette offensive destructrice.

Le Professeur Jean-Claude Tshilumbayi, 1er vice-président de l’Assemblée nationale et membre de l’UDPS, pourtant « au cœur des missions sélectives » et Christophe Mboso, 2ème vice-président, qui « gère les questions sociales et le contrôle parlementaire ». Cette sélectivité dans les cibles démontre le caractère éminemment calculé et politique de l’opération, qui dépasse les simples considérations de bonne gouvernance.

Alors que la majorité des Congolais vit dans une pauvreté abjecte, les acteurs de cette crise affichent un cynisme révoltant. La session de septembre 2025 devrait normalement être consacrée au budget de l’État, exercice crucial pour le fonctionnement du pays. Mais cette crise risque de tout compromettre. La RDC ne peut se permettre de fonctionner sans budget. Les déstabilisateurs pourraient plonger le pays dans le chaos institutionnel et financier.

La déstabilisation n’est pas une simple crise politique parmi d’autres. Elle représente une menace existentielle pour les institutions démocratiques de la RDC, déjà fragilisées par des années de conflit et de mauvaise gouvernance. Vital Kamerhe et Sama Lukonde, qu’on les aime ou pas, incarnent aujourd’hui une légitimité institutionnelle qui ne peut être sacrifiée sur l’autel des ambitions personnelles de quelques éternels insatisfaits.

Leur éviction risquerait d’ouvrir une boîte de Pandore de crises institutionnelles à répétition, où chaque changement majoritaire entraînerait une recomposition complète des instances dirigeantes du Parlement. Le peuple congolais, qui continue de souffrir au quotidien, mérite mieux que ces guerres d’ego et calculs politiciens indignes. Il est temps que les véritables patriotes se lèvent pour dénoncer ces manœuvres diaboliques et exiger que le Parlement retourne à sa vocation première : servir l’intérêt général plutôt que les appétits particuliers.

L’heure n’est plus aux calculs politiciens mais au sauvetage institutionnel. La communauté internationale, souvent silencieuse devant ces dérives, doit également prendre ses responsabilités et condamner ces tentatives de déstabilisation qui menacent non seulement la RDC mais toute la région des Grands Lacs. La RDC ne se réduit pas à une arène où s’affrontent des ambitions personnelles ; elle est une nation qui aspire légitimement à la stabilité, à la prospérité et au respect de ses institutions démocratiques.

RÉDACTION

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